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1694 et pour vous bien assurer qu’elles sont très-sensibles aux marques de votre amitié. La maréchale de Créquy est fort tendre sur le sujet de Blanchefort[1] et vous n’avez rien oublié de tout ce qui se pouvoit dire à cette occasion pour la bien flatter. Vous n’avez assurément ma belle Madame, qu’à me mettre entre les mains tous vos souvenirs, j’en ferai toujours un très-bon usage et fort aisément, car vous connoissez tous mes amis et toutes mes amies. Je ne sais si je n’irai point demain à Pontoise : je reçus hier une semonce fort obligeante de mon aimable cardinal[2], et son ambassadeur me fit entendre qu’il pourroit bien m’envoyer ce soir une voiture pour cela ; je n’y serai qu’autant de temps que l’état de Mme de Coulanges me le permettra ; car vous croyez bien que désormais cet état fera la règle de mes séjours. C’est un premier devoir à quoi je n’ai garde de manquer ; mais c’est elle-même qui veut que j’aille mon chemin, disant que sa maladie ne doit pas être regardée comme un mal dont on voie sitôt la fin ; et c’est à moi sur cela à marcher avec prudence.

Nous avons eu bien des affaires avec Carette ; mais cela seroit bien long à vous conter : on l’avoit mis d’une partie à Vaugirard avec Mmes de Louvois, de Créquy, Bernières ; et Mme de Coulanges y avoit fourré une pe-

  1. 4. Blanchefort (voyez tome VIII, p. 46, note 3) était fils de la maréchale de Créquy ; il venait de se distinguer dans une escarmouche. « M. le maréchal de Boufflers ayant su que les troupes de Liège faisoient un grand fourrage, détacha du Rosel, brigadier de cavalerie, avec quelques escadrons ; et le marquis de Blanchefort, plus nouveau brigadier que du Rosel, pria M. de Boufflers de le laisser marcher aussi. Ces messieurs trouvèrent les ennemis fourrageant, prirent beaucoup de chevaux, battirent quelques troupes des ennemis, et en tuèrent deux cents. Le marquis de Blanchefort eut un cheval tué sous lui à cette affaire. » (Journal de Dangeau, au 8 juillet 1694.)
  2. 5. Le cardinal de Bouillon.