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1694 elle en est, et tous les gens occupés d’elle se trouvent bien embarrassés. Faut-il quitter Carette ? ne le faut-il pas ? faut-il frapper à une autre porte ? faut-il aller à Bourbon cette automne sans perdre de temps ? enfin, que faut-il faire ? On n’ose donner aucun conseil, parce qu’on ne veut se charger d’aucun événement : cependant nous ne sommes pas bien ; après avoir passé trois nuits entières sans fermer l’œil, elle a enfîn dormi quatre ou cinq heures celle-ci. Je suis assuré que cette rechute ne vous plaira point ; car elle trouve encore que les vents s’emparent de son estomac, comme dans le premier temps ; ce qui fait voir l’inutilité de tout ce qu’elle a pris jusques ici pour les en chasser. L’abbé Têtu triomphe, et bat des mains, et ce triomphe ne sert qu’à déplaire et à mettre en colère, car quel autre parti faisoit-il prendre ? Cependant la maison de Mme de Coulanges ne désemplit point ; comme on est assuré de la trouver, tout ce qui la connoît y vient ; et chacun donne son avis, qui est à mon gré un autre mal. C’est tout vous dire que Mme de Montchevreuil[1]y a passé deux après-dînées, et que Mme la chancelière le Tellier, à quatre-vingt-six ans, y passa celle d’avant—hier. Je suis assuré que vous ne nous quitteriez pas si vous étiez ici. Mme de Coulanges me prie de vous dire de sa part mille choses plus tendres les unes que les autres. Dans le nombre des visites qu’elle reçoit, vous croyez bien que les maréchales de Créquy et de Villeroi ne lui manquent pas ; ainsi il me fut hier fort aisé de leur faire voir dans votre dernière lettre l’honorable commémoration que vous faites d’elles : elles m’ont chargé de n’épargner aucuns des termes les plus significatifs pour vous bien marquer leur reconnoissance,

  1. 3. La femme de Henri de Mornay, marquis de Montchevreuil : voyez tome VI, p. 171.