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1694 donc question que de ce nouveau fermier. Son premier terme étant payable à Noël dernier 93, qui étoit de 1700tt, il me fit toucher 2009tt, 4 sous : c’est 309 et 4 sous de trop ; il faut les compter comme reçus à bon compte, sur les 1700tt qu’il me doit à la Saint-Jean dernière. Il doit donc encore 1390tt), 16 sous, sur quoi il faut compter les réparations dont je suis assommée, et le blé qu’il a donné par mon ordre : c’est justement, ma chère Madame, ce qu’il faut que vous fassiez pour l’amour de Dieu. Si ces réparations n’étoient pas absolument nécessaires, j’aurois sujet de me plaindre de Boucard et de Lapierre ; mais ce n’est plus votre affaire, car elles sont faites.

Je vous ai mandé, Madame, comme j’étois arrivée ici fort heureusement ; je crois vous avoir dit aussi l’aimable vie que j’y fais : un chapitre et une tribune dont il ne tiendroit qu’à moi de faire des merveilles ; une liberté qui fait que j’ai toujours trois heures pour le moins à lire, et à faire ce que je veux. Quand je rentre dans la société, je trouve ma fille et sa fille, M. le chevalier de Grignan, M. le marquis de la Garde, d’une piété et d’un commerce admirable ; Monsieur de Carcassonne et Monsieur d’Arles, dans deux ou trois jours ; un beau château, un bel air, de belles terrasses, une trop bonne chère : Madame, cette vie est trop douce, et les jours s’écoulent trop tôt, et l’on ne fait point de pénitence. La mort de M. de Saint-Romain me fait peur[1] : je n’y vois pas un moment entre sa vie dure et sèche pour la religion, et sa mort. Comment fait—on pour parler

  1. 4. Durant la chasse (du Roi), M. de Montchevreuil lui vint dire que M. de Saint-Romain mourut mercredi au soir à Paris en faisant des visites ; il avoit quatre-vingts ans passés. » (Journal de Dangeau, au jeudi 15 juillet.) — Voyez la lettre du 8 octobre 1688, tome VIII, p. 198, note 4.