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1694 dame, jugez-en, puisqu’on n’y voit ni misère, ni famine, ni maladies, ni pauvres. On croit être dans un autre monde, mais on ne laisse pas de se souvenir de ses amies ; et comme dans ce vilain monde que j’ai quitté il est toujours question d’argent, et que j’ai assigné celui qui me doit revenir de mon terme de la Saint-Jean à des gens à qui je dois des arrérages qui sont attendus avec impatience dans le mois de juillet, je mande à M. Boucard de m’envoyer 1391tt) que mon fermier me doit, parce qu’il m’a payé 2090tt) à Noël : ainsi il ne me doit plus que ce que je vous dis. Si la chose est sans difficulté, comme elle doit être, il ne vous importunera point, et m’enverra[1] mon argent par Dijon. S’il a quelque chose à dire, je le renvoie à vous, ma chère Madame, et vous demande à genoux de juger et de décider, et de vous souvenir que j’avois un fermier qui m’offroit 200tt) de plus que Lapierre, en cas qu’il voulût quitter à cause de cette grêle ; et qu’il songe que le blé est cher, que notre bail sera long ; en un mot, je crois qu’il me doit payer mes 1391tt sans aucune difficulté ; et je déclare que si par hasard je me trompois là-dessus, je n’entendrois aucune raison que par vous, refusant toute remontrance et négociation, et perte de temps, et lettres inutiles, qui ne sont bonnes qu’à nourrir la lenteur et la nonchalance de mes gens, et désirant venir au fait sans aucune mauvaise excuse. Ainsi, ma chère Madame, assemblez votre conseil, c’est-à-dire M. l’abbé Tribolet, et ne me refusez pas cette suite et cette continuation de vos bontés et charités, car je n’ai que vous. M. Manin, M. Boucard et Hébert lui-même, m’avoient promis d’y mettre la dernière main ; mais ce n’est pas une chose possible que de mettre ensemble et de fixer ces trois personnes ; je n’y songe plus. Il n’est

  1. 3. Dans l’autographe : m’envoîra.