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1694 de temps en temps qui la chicanent ; elle a fort mal passé la nuit ; elle a tant peur d’être malade, qu’elle en sera malade, et tant de peur de la mort, que je crains qu’elle n’en meure ; dès qu’elle a le moindre mal, c’est la rougeole, le pourpre, la petite vérole : en un mot, elle est agitée de la crainte continuelle de toutes ces maladies ; mais savez-vous ce qui me fait le plus de peur pour elle ? ce sont ses immenses richesses, et l’extrême bonheur dont elle jouit. Mme de Coulanges est aujourd’hui toute tournée du côté de la vie ; elle se trouve beaucoup mieux qu’elle n’a encore été. Elle a donné à dîner à Carette, au maréchal de Bellefonds, et aux Divines ; vous croyez bien que l’abbé Têtu n’a pas été de ce repas ; son procédé est trop plaisant. Carette dit toujours qu’il part mercredi pour l’Italie ; mais il promet à sa malade des gouttes, et la manière dont elle aura à se conduire pendant son absence. Franchement j’ai bien de l’impatience de revoir Mme de Coulanges dans sa première santé, et par bien des raisons. Adieu, ma chère Madame : voilà une assez longue lettre. Rendez-moi toujours de bons offices auprès des habitants de votre château, que j’honore et que je prends la liberté d’aimer selon leurs mérites. Je suis très-obligé à la sage Pauline des deux lignes qu’elle a écrites dans votre lettre ; j’ai beaucoup d’amitiés à lui faire de la part de la duchesse de Villeroi, qui ne me voit point sans me demander de ses nouvelles, et sans me prier de lui dire mille choses pour elle.