1694
1380. — DE COULANGES À MADAME DE GRIGNAN.
Faites, faites votre mariage : vous avez raison, et le public a tort, et très-grand tort. Si j’avois su que Mme de Coulanges vous eût parlé de tous les dits publics, je me serois bien gardé de vous les répéter ; et si la lettre que vous lui avez écrite fût arrivée deux heures plus tôt, je me serois bien gardé encore de traiter avec vous ce chapitre ; tout ce que vous nous avez écrit à l`un et à l`autre sur ce sujet, est admirable, très-vrai, et sans aucune réplique : chacun sait ses affaires ;
L’un a dételé le matin,
L’autre l’après dînée.[1].
et quiconque dételle, mérite louange ; c` est une marque d’esprit et d’un grand savoir-faire ; prenez donc le parti qui vous convient ; mais voulez-vous mettre le public dans son tort ? faites-vous donner une si bonne et grosse somme en argent comptant, que vous vous mettiez à votre aise : un gros mariage justifiera votre procédé ; tirez, comme je vous le dis, le plus d`argent comptant que vous pourrez ; car voilà la précaution qu`il faut rendre en pareil cas ; le public dit et il n’a tort qu’il ne faut jamais compter avec les financiers sur les biens à venir ; et le public est persuadé, et il a raison en-
- ↑ Lettre 1380. — 1. Ce sont deux vers d’un couplet de Coulanges.
D’Adam nous sommes tous enfants ;
La preuve en est connue,
Et que tous nos premiers parents
Ont mené la charrue ;
Mais las de cultiver enfin
la terre labourée,
L’un a dételé le matin,
L’autre l’après dînée.