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1691
1318. — De Madame de Sévigné et de Madame de Grignan à Coulanges.
A Grignan, le 10e avril.
De Madame de Sévigné.

Nous avons reçu une lettre, du 31e mars, de notre cher ambassadeur ; elle est venue en sept jours ; cette diligence est agréable, mais ce qu’il nous mande l’est encore davantage ; on ne peut écrire plus spirituellement. Ma fille prend le soin de lui répondre ; et comme je la prie de lui envoyer le Saint-Esprit en diligence, non-seulement pour faire un pape[1], mais pour finir promptement toutes sortes d’affaires, afin de nous venir voir, elle m’assure qu’elle lui enverra la prise de Nice en cinq jours de tranchée ouverte, par M. de Catinat[2], et que cette nouvelle fera le même effet pour nos bulles. Vous nous direz, mon cher cousin, si nous jugeons bien. Nous avons reçu cette épître de M. de Nevers au petit le Clerc[3] de l’Académie ; elle est accompagnée d’une de vos lettres ; elles nous font toujours un plaisir extrême, le paquet est

  1. Lettre 1318. — Voyez ci-dessus, p. 5.
  2. La ville de Nice avait été prise le 26 mars, et la citadelle avait capitulé le 2 avril ; la garnison en était sortie le 5. Voyez le Journal de Dangeau, au 8 avril 1691, et la Gazette du 14.
  3. Cette épître fait partie du recueil indiqué dans la note 6 de la lettre du 17 décembre précédent (tome IX, p. 606). Cette pièce n’offre rien de remarquable ; le duc y élève jusqu’aux nues le poëte le Clerc, qui serait depuis longtemps oublié, si Racine ne lui avait fait l’honneur de le nommer dans l’épigramme qui commence par ce vers:

    Entre le Clerc et son ami Coras, etc.

    (Note de l’édition de 1818.) — Michel le Clerc, né à Albi, auteur d’une Virginie Romaine et d’une Iphigénie pour laquelle Coras lui avait fourni une centaine de vers, entra à l’Académie le 26 juin 1662, et mourut le 8 décembre 1691.