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1694 entre les mains de Carette[1], qui lui fait prendre des médecines, et des eaux de Saint-Mion[2]dans lesquelles elle fait tomber sept gouttes d’une liqueur qui fait tous les miracles dont vous avez entendu parler. Mme de Coulanges a été assez mal de ces remèdes les deux premiers jours ; mais aujourd’hui elle se trouve beaucoup mieux ; je souhaite fort, comme vous pouvez croire, que ce mieux continue, et que nous la tirions bientôt d’affaire : vous ne sauriez croire combien son mal me donne de chagrin, et combien il m’envoie de tristes vapeurs à la tête, dont je ne me vante pas. Vous apprendrez sans doute aujourd’hui par plus d’un endroit les nouvelles de Bretagne : la flotte ennemie s’est présentée devant Brest, et a voulu faire une tentative mais douze cents hommes, qui étoient descendus, ont été si violemment repoussés, qu’on ne croit pas que la flotte hasarde une seconde descente[3] ; ils

  1. 9. Sur ce charlatan italien, voyez la Bruyère, chapitre De la Cour, article 16 de l’édition de Walckenaer, et chapitre De quelques usages, article 68, et une note de Walckenaer, p. 698. Voyez aussi les Mémoires de Saint-Simon, tome II, p. 135 et suivantes, et ci—après, p. 168, note 3.
  2. 10. Près de Riom, canton de Combronde. Les eaux minérales de Saint-Mion ont beaucoup d’analogie avec l’eau de Seltz.
  3. 11. « Le Roi reçut à son réveil la nouvelle de la défaite de douze cents hommes qui avoient fait une descente à Camaret, voulant se rendre maîtres de ce poste pour pouvoir ensuite bombarder Brest. L’action se passa vendredi 18 ; ils commencèrent à canonner à onze heures du matin, et firent la descente à une heure, et commençoient à se retrancher ; ils avoient plusieurs officiers à leur tête. Nous avons fait d’abord un très-grand feu des tours et des retranchements, qui étoient garnis des milices du pays et de huit compagnies franches de la marine, sous les ordres de M. de Langeron, chef d’escadre. Le feu dura longtemps, après quoi Benoise, capitaine d’une compagnie franche de la marine, voyant les ennemis dans une espèce de confusion, a marché sur eux l’épée à la main, suivi de cinquante soldats de sa compagnie, et soutenu par un autre détachement de pareil nombre, qui les a renversés et poussés jusque dans l’eau. On en a tué quatre ou cinq cents, et fait autant de prisonniers. Talmash, général