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1694 débite que c’est Mlle de Saint-Amant[1]qu’il épouse ou qu’il a épousée ; c’est à vous, Madame, à nous éclaircir sur ce fait ; vous avez du moins un avantage, qu’on a très-bonne opinion de tout ce que vous ferez ou aurez fait ; de bel et bon argent, et en quantité, voilà qui est d’un grand secours, dans le temps où nous sommes principalement. Tous les guerriers prennent congé dans la semaine prochaine : la solitude sera grande à Versailles et dans les bonnes maisons. M. et Mme de Chaulnes s’en vont jeudi ; eux et Mme de Coulanges se sont raccommodés de fort bonne grâce, et il n’est plus question entre eux de la pétoffe dont vous avez vu les commencements. Je m’en vais chez la maréchale de Villeroi, qui s’est fait saigner aujourd’hui du pied, par précaution seulement ; et tous les Louvois ne manqueront pas de s’y trouver. Ce sera jeudi prochain la procession de la châsse de sainte Geneviève[2] ; l’Archevêque et Mme de

    Rembrandt, et qui paroissant tout d’une pièce, comme tout son corps, passoit parmi les sots pour une bonne tête. Son père étoit conseiller d’État ; et son frère aîné, qui étoit mort, l’avoit été aussi, tous deux avec réputation. Leur nom est Bazin, de la plus courte bourgeoisie ; et Bezons, dont ils portoient tous le nom, est ce village sur la Seine, près de Paris, si connu par la foire qui s’y tient… dont le père avoit acquis la seigneurie.

  1. 8. Saint-Amant était fermier général, trésorier des états de Languedoc, commissaire des vivres. Sa grande fortune décida le mariage de sa fille avec le jeune marquis de Grignan (célébré le 2 janvier 1695). Ce fut M. Habert de Montmor, intendant de Provence, qui négocia cette affaire ; aussi assista-t-il à la noce comme témoin. La mère de Mlle de Saint-Amant se nommait Anne Racine ; c’est par vanité sans doute qu’elle signa Anne de Racine au contrat qui existe dans les archives de Grignan. La marquise de Grignan mourut en septembre 1736. Voyez la Notice, p. 296 et suivantes, et p. 304 et 305. — Une seconde fille, sœur de la jeune marquise de Grignan, fut mariée au marquis de Salins.
  2. 9. On lit dans le Journal de Dangeau, au (vendredi) 28 mai 1694 : « Hier matin on descendit à Paris la châsse de sainte Geneviève ; il y avoit dans le mandement de Monsieur l’Archevêque que c’étoit