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1694 garçon : faites vos compliments à tout ce qui s’appelle Maisons et Lamoignon. On marie fort M. de Barbesieux par la ville ; mais il est constant qu’il est encore si affligé qu’il ne songe point à se remarier ; je veux toujours espérer, par tout ce que j’entends, qu’il préférera un mérite solide à tous les trésors périssables, quand il sera obligé d’en venir à de secondes noces. M. de Barrillon[1] épouse aujourd’hui Mlle Doublet. Le chevalier de Bezons[2] se maria aussi hier. Savez-vous qui se marie encore, s’il n’est déjà marié ? M. le marquis de Grignan, et l’on

    Maisons et président à mortier au parlement de Paris. Ce garcon, son unique enfant, né le 22 mai, mourut le 9 août suivant. Le marquis de Poissy se remaria en 1698 à une fille de Pierre Roque de Varangeville et mourut en août 1715, à l’âge de quarante-huit ans. Voyez tome VIII, p. 360 et note 23.

  1. 6. Était-ce un fils de l’ambassadeur (mort le 23 juillet 1691) ? La veuve de ce dernier mourut le 16 octobre suivant. Quant à Mlle Doublet, peut-être était-ce la fille de l’un des deux frères Doublet, conseillers au parlement, dont l’un avait pris le nom de Persan et l’autre celui de Croui.
  2. 7. Jacques Bazin de Bezons, maréchal de France en 1709 (voyez tome III, p. 261, note 8) ; il était alors maréchal de camp, et épousa le 23 mai Marie-Marguerite le Ménestrel de Hauguel, fille d’Antoine, grand audiencier de France, et nièce de du Metz, garde du trésor royal. Né en 1646, il mourut le 23 mai 1733. « C’étoit, dit Saint-Simon (tome XIII, p. 159), un rustre brutal, qui s’étoit échappé tout jeune de la maison de son père, qui le vouloit faire d’Église, s’étoit enrôlé dans les troupes qui passoient clandestinement en Portugal, et y porta le mousquet… Il étoit bon officier général, entendoit bien à mener une aile de cavalerie, et de certains détails ; encore ses brusqueries et son emportement l’empêchoient—ils souvent de voir et d’entendre. Ce qui étoit au delà surpassoit fort sa portée… Avec une humeur insupportable et fort peu d’entendement, c’étoit un homme brave de sa personne et qui savoit ce que c’étoit que l’honneur, mais embarrassé de tout, infiniment timide, qui ménageoit tout, avoit grande passion d’être et d’avoir, fort bas et fort plat, qui ne manquoit pas de sens ni d’un certain petit esprit de courte intrigue, avec assez de jugement. Une tête de lion et fort grosse, lippu, dans une grosse perruque, qui eût fait une bonne tête de