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1694 moi la gloire de Niquée[1], ni plus ni moins, et un séjour qui convient à tous mes goûts : attendez-moi donc, adorable Pauline, et soyez persuadée que vous ne pouvez jamais voir arriver personne à Grignan qui vous honore et qui vous estime plus que je fais.

Je ne doute pas que Mme de Coulanges ne vous dise elle-même des nouvelles de sa santé, qui est beaucoup meilleure qu’elle n’a été.


de madame de coulanges.

Depuis que vous êtes partie, Mademoiselle, rien ne fait du bruit ici que vos lettres ; mais je suis lasse que vous fassiez plus de bruit que de besogne ; vous ne pouvez jamais savoir ce que c’est que de vous regretter, et vous êtes bien heureuse. Je vous fais des compliments sur la tragique mort de Mme de Barbesieux[2] ; j’en fais aussi à Mme de Grignan ; et j’ai bien de la bonté de penser à elle, sans me plaindre de ce qu’elle m’ôte aujourd’hui Mme de Sévigné. Je vous avoue que je ne m’imagine de consolation pour moi que d’aller à Grignan, où j’espère que vous me recevrez mieux que la première fois que je fis ce voyage : vous n’y parûtes point[3]. Adieu, Mademoiselle : je vous serai sensiblement obligée si vous faites souvenir M.  et Mme de Grignan de la manière dont je les honore. Je me réjouis avec vous de ce que je ne suis pas morte : vous auriez perdu une personne bien attachée à vos charmes.

  1. 7. Voyez tome IV, p. 547, note 14.
  2. 8. Mme de Barbezieux était nièce de la première femme du comte de Grignan.
  3. 9. Mme de Coulanges était venue à Grignan en 1672, deux ans avant la naissance de Pauline. Voyez les lettres du 1er août et du 11 septembre 1672, tome III, p. 160-162.