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qui vous dise deux mots de celle de la madrague dont il a demandé l’établissement. Il étoit vraisemblable que M. de Pontchartrain s’adresseroit à vous pour savoir si ce nouveau don ne feroit point de tort à ceux qui en ont déjà de pareils ; mais M. de Grignan n’a pas cru vous devoir prévenir sur une affaire où il ne veut que ce qui paroîtra juste à des yeux aussi délicats que les vôtres. Celui qui nous a fait cette proposition est un patron de Mazargues qui prétend avoir trouvé près de Mazargues, dans le terroir de Cassis[1], un lieu très-propre pour la pêche du thon. Il est vrai que la communauté de Cassis a une madrague ; mais elle est à une distance très—grande de celle que l’on veut faire, et à cette distance il est permis d’en faire, à ce que prétend ce patron ; car je ne sais que par lui les lois des madragues. Je lui ai mandé d’instruire le secrétaire de M. de Grignan de toutes les raisons qui m’ont persuadé la possibilité de cette affaire, afin qu’il ait l’honneur de vous en rendre compte, et que passant par un langage un peu moins grossier que celui du patron, vous soyez plus facilement persuadé. Nous espérons, Monsieur, que quand vous le serez que les intérêts de la ustice sont à couvert, ceux de M. de Grignan ne vous seront pas indifférents. Nous vous serons très-obligés de ce que vous écrirez à la cour en faveur de cette affaire, qui nous seroit de quelque utilité. Je suis votre très-humble et très-obéissante servante,

La comtesse de Grignan.

Permettez-moi de faire mes compliments à Madame la présidente, à Mlle de Flacourt, et à Mlle le Bret.

A Grignan, ce 25e mars.

  1. Petite ville et port de mer, à cinq lieues sud-est de Marseille.