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1694 ici que Monsieur en est amoureux, et que c’ est une beauté ; elle arrive au Palais-Royal, on crie sur elle, on la regarde sous le nez. Mme de Bouillon dit à Monsieur que cela ne valoit pas la peine de rompre son jeûne. Madame dit : « Mais ce n’est point là une beauté, et vraiment non, ce n’en est point une, c’est quasi une laideur ; mais on se tient pour telle. » Le bruit est grand autour d’elle ; Monsieur en est au désespoir ; il se tue de dire qu’elle ne prétend à rien. Cette petite femme soutient tout cela avec esprit, avec courage ; sa famille ne s’en accommode pas si bien ; et enfin elle s’en retourne sans avoir eu d’autre plaisir en ce pays, que d’avoir été ridiculisée par ceux qui pensoient qu’elle vouloit être une beauté, quand elle n’y pensoit pas. Que dit Pauline de cette aventure ?

Je plains bien celle du pauvre Renauld, de mourir sous ma puissante protection, sur le point de me voir ; cette protection n’est pas à l’épreuve d’une fièvre maligne. Je voudrois bien que ce mauvais air ne montât point jusqu’à votre château.

Vous savez l’ordre que nous avons donné pour nos litières[1], et comme nous avons un pied en l’air. Vous me donnez une grande joie en me parlant de celle que vous avez, et de l’amitié que vous avez pour moi ; si elle ressemble[2] à celle que j’ai pour vous, j’ai sujet d’être contente.

    temps dans chacune de ces villes (voyez la Gazette du 30 mai, du 20 juin, du 1er août) ; le 12 août il était de retour à Versailles, sans avoir assisté à aucun fait de guerre.

  1. 13. Voyez ci-après, p. 151.
  2. 14. Dans le manuscrit : « si elle ne ressemble. »