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1694 un petit repas bien propre. Mme de Coulanges n’est point priée chez la chancelière ; elle me mande qu’elle en est tout étonnée ; et c’est que les parents des alliances ont tenu un si grand terrain, que les tantes à la mode de Bretagne[1] ont été cassées et suffoquées. Le seul M. de la Rochefoucauld[2], avec un peu de dureté et d’inhumanité, refuse l’honneur de sa présence à cette grande fête, où tous les ducs, les d’Estrées, les Armagnacs, les Brissacs et autres se font un plaisir de se montrer.[3]

Je suis ravie de la quantité de souvenirs que vous m’envoyez : je les distribuerai avec plaisir ; j’en avois besoin ; envoyez m’en une poignée pour des femmes : des Troches, des Coulanges, des Divines[4] ; je ne trouve rien en mon chemin qui ne me parle de vous.

  1. 10. Mme de Coulanges était cousine germaine de Louvois, et par conséquent tante à la mode de Bretagne de la mariée, Voyez tome II, p. 452, note I.
  2. 11. Le duc de la Roche-Guyon, son fils, avait épousé une fille de Louvois. — Voyez tome VI, p. 99, note 35, et p. 105 et 106.
  3. 12. On lit de plus ici, dans le manuscrit, la phrase inachevée, et évidemment altérée, que voici, où Mme de Sévigné donnait les raisons qui auraient dû déterminer le duc de la Rochefoucauld à paraître à la noce : « On trouve qu’une femme couverte de tant de millions, la plus honnête, la plus attachée à leur maison, qui a fait tomber tant de présents chez elle du temps de M. de Louvois, qui n’est point coupable du petit tour de feu M. Langlade, qui s’appeloit une tromperie en ce temps-là et qui est réparée par de si grands biens présentement, qui leur donne° de si beaux garçons, sans compter les années qui se sont passées depuis cette offense à leur orgueil, joints (sic) aux lois du christianisme… » Il a été dit au tome VI (p. 99) que c’était Langlade qui avait fait le mariage du duc de la Roche-Guyon avec une des filles de Louvois. Il avait sans doute exagéré la valeur de quelque bien de la dot, ou tourné trop adroitement quelque clause du contrat.
  4. 13. Mme de Frontenac et Mlle d’Outrelaise, sa sœur.

    * Dans la copie : donnent. — Mme de la Roche-Guyon à cette date avait sept garçons.