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1694 choisir entre l’or et les pierres[1] ; il en arrivera ce qui est écrit où vous savez.

C’est enfin aujourd’hui que finit la longue magnificence de la noce de Mlle de Louvois[2]. Il y a deux mois qu’elle est exposée au public : j’admire qu’elle n’ait pas été pillée, comme ces grands festins dont la vue fait succomber à la tentation. Monsieur de Reims a donné, outre beaucoup de louis d’or, qui ont accompagné ceux de Madame la chancel1ère[3] et de Mme de Bois-Dauphin[4], et ceux[5] d’un des coins de la cassette de pierreries de la maréchale de Villeroi, deux pendeloques que vous avez sans doute vues et admirées à feu Mademoiselle, qu’on estimoit douze mille écus ; il les a eues pour treize mille francs, et les jette encore à deux des quatre ou six oreilles que je souhaite à sa nièce : enfin cette pauvre créature, importunée comme Midas de l’or dont elle est chargée, est présentement chez sa grand’mère la chancelière, avec toute sa noble compagnie, où on lira et signera le contrat. À huit heures on sera chez Mme de Louvois, où M. de Langlée, pour la soulager, prend le soin du souper. Ce sont cinq tables de vingt personnes chacune, servies comme chez Psyché[6] : on a jeté six cents pistoles pour faire que ce soit

    « sans qui on ne sauroit rien faire de bien, » ou : « avec qui on ne sauroit rien faire que de bien ? »

  1. 4. Voyez la lettre suivante, p. 146, et la Notice, p. 296.
  2. 5. Voyez la lettre du 12 Février précédent, p. 137 et note 4.
  3. 6, Elisabeth Tocata, veuve du chancelier le Tellier.
  4. 7. Mère de Mme de Louvois : Marguerite de Barentin, veuve en 1646 du marquis de Courtenvaux (voyez tome III, p. 308, note 3), et en 1661 d’Urbain de Laval, marquis de Bois-Dauphin (fils de Mme de Sablé). Elle mourut le 7 février 1704, âgée de soixante et dix—sept ans : voyez Dangeau à cette date.
  5. 8. Dans le manuscrit il y a de devant ceux.
  6. 9. Il y fut servi de l’ambroisie en toutes les sortes. Quant au nectar, les Amours en furent les échansons. » (La Fontaine, les Amours de Psyché, livre I.)