Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 10.djvu/146

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


ne lui ferai point d’autre réponse. Ma fille est partie pour Provence ; je crois que j’irai la trouver dans six semaines. Il n’y a plus moyen de vivre au milieu de l’air et de la misère qui est ici. Je vous embrasse, ma chère Madame, avec toute l’estime et l’inclination que vous savez.

La M. de Sévigné.


* 1373. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

Lundi 19e avril[1].

Je crois que présentement je ne me tromperai pas quand je vous croirai à portée de M. de Grignan ; pour moi, le miracle que le ciel vient de faire pour dissiper cette flotte[2], si bien concertée avec les troupes qui devoient venir du côté des montagnes pour dévorer la Provence, me persuade que M. de Grignan est revenu dans son château, où il a trouvé assurément une très-bonne compagnie. Ce même hôte divin avec qui on ne sauroit rien faire de bien[3], vous aura sans doute inspirée pour

  1. Lettre 1373 (revue sur une ancienne copie). — 1. Le manuscrit porte : « lundi 20 avril. » C’est une erreur semblable à celle que nous avons remarquée en tête de la lettre précédente : voyez p. 139, note 1
  2. 2. On lit dans le Journal de Dangeau, au 1er avril 1694 : « On a eu confirmation du malheur arrivé à la flotte de Smyrne ; le vaisseau amiral, qui étoit de quatre-vingt-dix pièces de canon, a péri avec cinq autres vaisseaux de guerre et douze vaisseaux marchands richement chargés, parmi lesquels il y en avoit un qui portoit deux cent mille piastres en espèces, que le prince d’Orange avoit destinées à Monsieur de Savoie. » Voyez l’Histoire de France de M. Henri Martin, tome XIV, p. 196. — « Le duc de Savoie, dit-il p. 195, très-supérieur à Catinat, ne tira (cette campagne) aucun parti de sa supériorité. »
  3. 3. Nous reproduisons le texte du manuscrit. Faut-il peut-être lire :