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1694

* 1372. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À LA COMTESSE DE GUITAUT.

Paris, mercredi 31e mars[1].

Puisque vous avez eu la bonté de songer à me faire tenir mes deux mille francs, je me trouve obligée de vous dire, ma chère Madame, que j’ai été assez heureuse pour les recevoir par Dijon. C’est par Boucard, qui s’avisa de parler au trésorier de la province, qui fut bien aise de faire ce plaisir à M. le président de Berbisy, qui lui témoigna l’intérêt qu’il prenoit à moi. Bref, je les ai touchés ici, à mon très-grand étonnement.

Je vous conjure de me mander des nouvelles de votre bonne tête à ce commencement de printemps, et si vous avez toujours bien de la peine à reprendre en l’air ces sommes éparpillées, que je compare toujours aux feuilles de cette Sibylle qui ne rendoit ses réponses qu’à condition de les chercher sur les feuilles qu’elle jetoit en l’air[2]. Voilà ce que c’est que de lire les bons auteurs.

J’ai reçu une lettre de M. l’abbé Tribolet, qui me loue d’avoir été si ponctuelle à suivre ses conseils touchant nos pauvres. Je le semercie ici, Madame, avec votre permission, de toutes les honnêtetés qu’il me fait. J’accepte ses offres pour me dire en sa conscience ce que je dois demander à Lapierre pour le payement du terme de Saint-Jean qui vient. Je vous en croirai et lui, Madame, persuadée que vous verrez clair aux plaintes qu’il voudroit me faire à cause de la grêle ; je n’en croirai pas tout à fait Boucard : enfin vous êtes ma souveraine de toutes les façons, et M. Tribolet le premier ministre ; je

  1. Lettre 1372 (revue sur l’autographe). — 1. Mme de Sévigné, se trompant sans doute plutôt sur le quantième que sur le jour, a daté du « mercredi 30. »
  2. . Voyez la lettre du 18 janvier précédent, p. 132.