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j’en suis toujours logée là : c’est de croire qu’il n’y a point de mérite comme le vôtre.

Suscription : Semur en Auxois. À Madame, Madame la comtesse de Guitault. À Epoisse. À Semur.



* 1368. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À LA COMTESSE DE GUITAUT.

Lundi 18e janvier.

Mon Dieu ! que vous m’étonnez, ma chère Madame, de me faire entendre que le sage Gautier, que je croyois l’Adamas[1] de la contrée soit tombé dans la confusion que vous me représentez ! Les gens si fins sont quelquefois confondus ; mais cette confusion vous donne d’étranges peines, et vous cause très-assurément les maux de tête que vous avez eus. Ce que vous faites me paroît comme impossible, c’est courir après les feuilles de la Sibylle[2] : en un mot, Madame, cette chasse est bien fatigante. Vous avez bien raison d’être persuadée que l’espèce de folie dont vous parlez manquoit absolument dans le nombre de toutes celles qu’on a connues jusques ici. Je vous plains infiniment, et vous conjure d’avoir pitié de votre tête, et de ne rien mettre en comparaison de sa conservation. Cependant je profiterai du temps que vous donnerez à vos affaires, pour finir les miennes. Celle de M. Poussy finira tout comme vous l’ordonnerez ; et que puis-je

  1. Lettre 1368 (revue sur l’autographe). — 1. Voyez tome III, p. 142, note 7, et tome IV, p. 457. — Au lieu de l’Adamas, on avait jusqu’à présent imprimé le Grand-Lama.
  2. 2. Voyez Virgile, Énéide, chant III, vers 443-452, et la lettre du 31 mars suivant. Mme de Sévigné a déjà fait allusion à ces vers, tome IX, p. 475, et ci-dessus, p. 22.