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Vous voyez bien, Madame, que vous êtes approuvée d’un homme qui l’est de tout le monde : je n’ai pas attendu son sentiment pour me soumettre au vôtre. Je viens d’envoyer à M. Boucard une manière de procuration pour M. Poussy ; Rochon en a ri : demandez à la voir, et vous verrez avec quelle prudence je donne mon consentement à l’accommodement que vous ferez.



1694

* 1367. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À LA COMTESSE DE GUITAUT[1].

Le premier jour de l’année 1694.

En voilà encore une, ma chère Madame, que je vois commencer. Je me souhaite à moi toute la première toutes les grâces dont j’ai un extrême besoin pour aimer Dieu plus que toutes choses, persuadée qu’il n’y a que cela de bon, et dédaignant de désirer autre chose ; et pour venir à vous, car encore faut-il bien que je pense à vous, je vous souhaite, Madame, la continuation des grâces que vous avez, et l’augmentation, parce qu’on n’en sauroit trop avoir. Après ce ton si relevé, pourrois-je vous parler du besoin que j’ai que mon fermier m’envoie ce terme de Noël si promis et si désiré ? pourrois[-je] me rabaisser à vous supplier de ressusciter M. Boucard sur toutes les choses dont je lui écris sans cesse et qu’il me promet toujours ? Non, Madame, je ne veux point quitter le sublime, ni vous embarrasser de ces ennuyeux détails. Je veux vous demander la continuation de votre charitable amitié (et c’est tout dire), et vous assurer que

  1. Lettre 1367. — 1. Cette lettre a été revue sur l’autographe.