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1693 et quand au lieu de décider comme je vous le demande à genoux, vous me demandez mon avis, je suis prête à pleurer ; car que ferois-je si j’étois en Bourgogne, que de suivre tous vos conseils ? Après cela, ma chère Madame, je ne vous dirai plus rien.

Si le nouveau fermier étoit un homme sincère et de bonne foi, qui voulût me payer à Noël tout ce qu’il aura reçu en conscience, comme il me le fait espérer, je le croirois aussi sur la perte que la grêle lui auroit causée, j’entrerois en considération de ce qu’il n’auroit point reçu ; et si on voyoit dans le pays qu’il dit vrai, je ne lui demanderois point ce qu’il n’auroit pas touché : voilà comme j’en userois avec lui, s’il est digne de cette confiance, car je n’ai aucune envie de ruiner un homme qui l’est déjà, et je ne le ferois point du tout mettre en prison. Je vous ai envoyé le revenu de la terre, il sera aisé de voir ce qu’il ne recevra pas ; et pour les bonnes années, si Dieu nous en envoie, il est clair que la terre qu’il afferme 3400tt en vaut 4600 ; ainsi tout se pourroit accommoder et raccommoder. Ayez la bonté de vous informer de la conduite de cet homme, dont on m’a dit beaucoup de bien. Quoi qu’il en soit, il n’y a rien que je n’aime mieux que la recette que je finis et où j’ai beaucoup perdu.

Pour M. Poussy, s’il veut sans autre façon nommer un ecclésiastique, et vous un autre, et qu’ils choisissent un tiers, s’ils ont peine à convenir : qu’ils voient une bonne fois à quoi M. Poussy est obligé, et que je n’aie plus ce paquet sur la conscience. Je vous jure, Madame, que je signerai tout ce vous me conseillerez. Usez donc de tout le pouvoir que je vous donne pour soulager votre tête par de fréquentes décisions, et pour me donner le repos que je n’espère que de vous.

L’abbé Têtu vous honore, vous estime et se prépare