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vous réponds que vous serez sa dernière amie ; j’aimerois mieux cela que la première.



1693

* 1362. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À LA COMTESSE DE GUITAUT.

Mercredi 26e août.

Je ne répondrai point, Madame, à toute l’émotion que vous a donnée[1] le gain d’une bataille qui nous coûte si cher. Nous avons passé par ces tristes réflexions, et peut-être aurons-nous bientôt sujet d’en faire encore, dès que les troupes qu’on envoie au maréchal de Catinat seront jointes à son armée, car il est sûr qu’il voudra secourir Pignerol, à quelque prix que ce soit[2] : ainsi vous voyez que nous aurons encore des sujets de raisonner ; Dieu veuille que ce soit avec moins de tristesse ! Je vis l’autre jour Madame votre sœur[3] ; je lui demandai si elle avoit soin de vous mander toutes les nouvelles, qu’elle étoit logée bien commodément pour cela : elle me dit qu’oui. C’est que vous m’aviez paru, dans votre lettre, n’être instruite (comme vous le dites vous-même) que par bricole ; et en vérité vous deviez l’être fort directement.

  1. Lettre 1362 (revue sur l’autographe). — 1. Dans l’original : donné.
  2. 2. Le duc de Savoie avait entrepris, avec ses alliés, en juillet 1693 le siège de Pignerol ; mais les attaques, contrariées par les habiles dispositions du comte de Tesse, qui défendait la place, s’étaient bientôt réduites à l’inaction d’un blocus. Catinat (maréchal de France depuis le 27 mars) ayant reçu des renforts et étant entré en Piémont, les ennemis se retirèrent de devant Pignerol et vinrent camper à la Marsaille, où Catinat remporta sur eux une victoire complète. Voyez la Gazette du 10 octobre, celle du 17, le numéro extraordinaire du 17, et l’Histoire de Louvois de M. Rousset, tome IV, p. 523-525.
  3. 3. Mme de Caumartin : voyez ci-dessus, p. 102, note 5.