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cela se fasse, je le manderai à Mme de Sévigné ; » et je vous assure que ce sera une sentence mieux exécutée que celle que vous savez sur la tierce ; ou pour mieux dire, ce sera pour moi une loi et une décision où je me réduirai avec plaisir. Ah, mon Dieu ! ma chère Madame, quelle lettre ! elle est pire qu’un calcul : je vous en demande mille pardons, et à la très bonne, que j’embrasse, et qui me trouve bien indiscrète ; elle a raison. Je vous quitte donc, et j’avoue que je dis beaucoup de paroles inutiles. J’espère que quand vous en aurez tiré les choses en un moment, elles ne vous feront ni peur ni mal. Je le souhaite, et vous fais mille excuses.

J’ai reçu les 1000tt d’Hébert.



1693

* 1360. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À LA COMTESSE DE GUITAUT.

À Paris, vendredi 24e juillet 93.

Aussitôt que j’eus reçu la lettre de Boucard, qui assurément ne diminuoit rien de l’horreur de la tempête, je me mis, comme une fidèle disciple de la Providence, à me soumettre de tout mon cœur à cette grêle qui avoit emporté tout mon pauvre bien, et je dis, comme votre petite fille, qui est peut-être grande à cette heure : « Mon Dieu, vous avez tonné, vous avez grêlé, je ne vous en ai pas empêché. » Car en effet, ma chère Madame, que peut-on faire contre une puissance si supérieure et des arrêts qui viennent de si haut ? Qui croiroit qu’au 7e de juillet, quand il a tant plu toute l’année, on ne fût pas en sûreté, et qu’il vînt une espèce de chose qui vous emporte tous vos grains, qui brise votre paille, qui emporte vos foins, qui casse et renverse les vitres et les