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1693 cupation. Si Dieu vouloit bien remplir ce vide, en vérité je lui en serois très-obligée. Vous sentez les peines du temps venir sur le sujet de Monsieur votre fils[1] ; ma fille les sent très-présentes : son fils est en Allemagne, et l’on attend à tous moments quelque courrier, dont la seule pensée fait battre le cœur. L’éducation de vos filles, toute simple, toute sainte, vous fait des religieuses toutes célestes ; la Providence en use ainsi chez vous, et d’une autre manière chez Madame votre sœur[2] : tout est bon. Mais votre mal de tête, qui sur ce ton-là seroit bon aussi, me paroît bien mauvais pour la tranquillité dont vous devriez jouir dans votre château ; c’ est un étrange remède que la saignée, à le recommencer souvent. Je suis persuadée que vos longs et difficiles calculs vous l’ont donné ; et si vous ne trouvez quelqu’un qui vous soulage, la tête du pauvre Gautier, qu’on m’a mandé qui étoit toute pleine de vapeurs, achèvera de s’épuiser en épuisant la vôtre. Mon Dieu ! ma chère Madame, ne négligez pas cet avis : j’ai vu des épuisements bien terribles et bien difficiles à guérir. Je vous admire de vouloir bien joindre encore mes affaires aux vôtres ; vous me le dites d’une manière si sincère, que vous me persuadez que ce vous sera[3] un divertissement en comparaison de vos supputations infinies. Cela étant donc, Madame, divertissez-vous, je vous en conjure, à ordonner et à régler avec Boucard tout ce que vous trouverez à propos. Voici les

  1. 2. Louis-Athanase de Pechpeyrou de Comminges, comte de Guitaud, marquis d’Époisse, né en 1682, lieutenant général des armées du Roi en 1734, mort le 10 juillet 1748. ll épousa le 19 septembre 1719 Madeleine-Élisabeth de Chamillard, fille de Clément de Chamillard, seigneur de Villate, président de la chambre des comptes, et de Madeleine-Bénigne de Lussé.
  2. 3. Voyez les lettres des 25 janvier et 10 mars 1693, p. 102, 105 et 106.
  3. 4. Sera est écrit dans l’interligne, au-dessus de est, biffé.