1693 faire d’honnêtes femmes et à peupler la république ; les autres[1] à faire une communauté à force de voiles blancs et noirs, qui se suivent d’aussi près que les établissements des autres. C’est ainsi, Madame, que la Providence en dispose. Cependant nous tâchons d’achever la carrière du P. Gaillard ; il a beaucoup d’esprit, il nous fait tous les jours des pièces d’éloquence, et nous persuade fortement, par les peintures qu’il fait, qu’il connoît parfaitement les vices de la cour et les foiblesses de l’humanité. Comme c’est de nous qu’il nous parle, nous sommes quelquefois ennuyées de nous retrouver toujours comme dans un miroir. Pour entendre un peu parler de Dieu et des vertus qui nous sont nécessaires, nous avons été trois fois au P. de la Tour[2], à Notre-Dame ; ce sont des beautés tout à fait différentes ; mais ce qui nous est le plus commode, c’est M. le Tourneur et M. Nicole, qui nous sont tous les jours une instruction si solide et si belle, qu’elles ne se font point de tort l’une à l’autre[3] ; et quand on quitte l’un, on est ravi de retrouver l’autre. Pour vous, ma chère Madame, je vous vois collée à votre chapitre, ne perdant aucun des offices de l’Egl1se et prêchant d’exemple ; si vous n’aviez point d’autre sermon, ce seroit assez ; mais je suis persuadée que vous en formez et en façonnez qui suivront les traces de M. Trouvé[4]
Hébert me mande que vous voudriez bien qu’on vous donnât la permission de vendre vos grains[5]. Cette défense
- ↑ 3. Les filles de Mme de Guitaut, qui, comme nous l’avons dit, étaient au couvent d’Avallon.
- ↑ 4. Voyez tome VIII, p. 559, note 39.
- ↑ 5. Nous n’avons pas besoin d’avertir qu’il s’agit ici non de sermons prêchés, mais de lectures pieuses : de l’Année chrétienne de le Tourneux (Mme de Sévigné écrit le Tourneur), et des Essais de morale, etc., de Nicole.
- ↑ 6. Voyez tome VII, p. 210, note 11.
- ↑ 7. Voyez ci-dessus, p. 101, note 4
