Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 10.djvu/110

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1693 Vous êtes assez heureuse de n’aller point tous les matins au P. Gaillard. La bonne femme Saint-Pol[1]est morte. Ses enfants[2] étoient ravis de la voir perdre tous les procès[3]qu’ils lui faisoient. Quatre jours après, l’abbé de Caumartin[4], son fils, est mort aussi ; sa belle abbaye de Saint-Quentin a été donnée à l’abbé Bignon[5], neveu

  1. 3. Geneviève de la Barre, fille d’Adam de la Barre, président aux enquêtes du parlement, et de Geneviève Regnault. Elle était veuve, depuis le 11 décembre 1667, de Jacques le Fèvre de Caumartin, seigneur de Saint-Port, marquis de Cailli, frère de Louis de Caumartin (l’ami du cardinal de Retz). Elle mourut le 15 janvier 1693, à l’âge de quatre-vingt-sept ans.
  2. 4. Elle avait plusieurs fils, dont l’aîné avait épousé en premières noces, en septembre 1666, Anne de Sévigné, fille de Renaud comte de Montmoron, doyen du parlement de Bretagne, et de Bonaventure Bernard. Cette Anne de Sévigné mourut le 22 décembre 1675. Mais ce comte de Montmoron est-il le même que celui dont il a été parlé au tome II, p. 423, note 3 ? Le prénom donné par Moréri n’est pas le même : l’ami de Mme de Sévigné s’appelait Charles, et peut-être Renaud était-il son père.
  3. 5. Il y a secours, au lieu de procès, dans la première édition (1814).
  4. 6. Henri de Saint-Port Caumartin, abbé de Saint-Quentin-en-l’Île, dans le diocèse de Noyon, mort le 30 janvier 1693.
  5. 7. Jean·Paul Bignon, baptisé le 19 septembre 1662, fils puîné de Jérôme Bignon, avocat général au parlement de Paris, et de Suzanne Phelipeaux de Pontchartrain ; il avait prêché l’avent à la cour en 1692, et allait être nommé (17 février) prédicateur du Roi ; il succéda à Bussy à l’Académie française le 15 juin 1693, fut nommé conseiller d’État en 1701, bibliothécaire du Roi en 1718 ; il mourut le 14 mars 1743, dans son château de l’Ile-Belle, près de Meulan. « C’étoit, dit Saint-Simon (tome III, p. 75 et 76), ce qui véritablement, et en bonne part, se pouvoit appeler un bel esprit, très-savant, et qui avoit préché avec beaucoup d’applaudissements ; mais sa vie avoit si peu répondu à sa doctrine qu’il n’osoit plus se montrer en chaire, et que le Roi se repentoit des bénéiices qu’il lui avoit donnés… Son oncle le mit… à la tête de toutes les académies : ce dernier emploi étoit fait exprès pour lui. Il étoit un des premiers hommes de lettres de l’Europe ; et il y brilla, et solidement… Il se fît une île enchantée auprès de Meulan, qui se put comparer en son genre à celle de Caprée, l’âge ni les places ne l’ayant pas changé, et n’y ayant gagné qu’à faire estimer son savoir et son esprit aux dépens de son cœur et de son âme. »