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1693 de 1 500tt[1] que je n’ai pas encore reçue ; mais il verra par mon arrêté de quoi il est chargé, et comme il me doit encore toute l`année 92. Je serai bien fâchée si vous ne recevez point cet arrêté ; s'il est perdu, je vous en renverrai[2]un autre, car j’ai le compte ici en original, tant le frère d`Hébert a de confiance en moi. Je vous assure qu`il semble que tous les intérêts des princes soient de faire la guerre, rien ne se tourne[3]du côté de la paix : ainsi, Madame, vendons nos grains, dès que les intendants nous le permettront[4] ; tout le monde

  1. Lettre 1355 (revue sur l’autographe) — 1. Dans la première édition (1814) on a imprimé : « 2 500 livres. » Voyez la lettre suivante, p. 103.
  2. 2. Mme de Sévigné a écrit renvoiré
  3. 3. Dans la première édition on avait changé tourne en trouve , et quatre lignes plus loin « question de le pouvoir » en « question de le prévenir. »
  4. 4. Les intendants durent réglementer sans cesse et sans mesure en ces malheureuses années. Voyez M. Henri Martin, tome XIV, p. 189 et 190 : « La récolte de 1692, dit-il, avait été gâtée par les pluies ; celle de 1693 n’avait pas été meilleure, et comme toujours, la panique générale et l’avidité des trafiquants portaient la cherté fort au delà du déficit réel ; le gouvernement était d’ailleurs par nécessité le grand accapareur, à cause des vastes magasins qu’exigeait la subsistance des armées. Le Roi commença par taxer les grains, ce qui n’aboutit qu’à rendre les marchés vides ; le Roi alors prescrivit un recensement général des grains appartenant soit aux communautés, soit aux particuliers, et enjoignit à chacun d’envoyer au marché, à raison de certaine quantité par semaine, et d’y vendre au prix courant la moitié du blé qu’il possédait, l’autre moitié restant à la libre disposition du possesseur. Il prohiba l’exploitation des grains sous peine des galères. » Ainsi il y avait défense aux particuliers de vendre en gros au delà de la moitié des grains recensés chez eux, et pour l`autre moitié qui devait être portée et en quelque sorte détaillée sur les marchés, défense de vendre au delà de la quantité fixée chaque semaine. Voyez encore tome IV, p. 351 et suivantes du Journal de Dangeau, une longue citation du Mercure (faite par les éditeurs) annonçant différentes mesures ordonnées au commencement de septembre 1693.