Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 10.djvu/105

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


comble de ses grâces de plus en plus, ma très-aimable Madame ! J’embrasse la très-bonne. Que vous étés heureuse que vos garçons soient petits ! Toutes les mères sont dèsolées du siège de Rinfeld et de Furne[1] : quelle saison !

Suscription : Pour Madame la comtesse de Guitaut.


* 1354. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À LA COMTESSE DE GUITAUT.

Ce 18e janvier.

Je veux vous recommander d’abord votre santé, ma chère Madame, et de profiter, par le repos et par le régime, des remèdes que vous avez faits.

Voilà l’extrait du compte d’Hèbert ; vous verrez qu’il s’est chargé des grains et qu’il les doit vendre. Voilà ce que vous vouliez savoir ; j’y ajoute que tout le plus tôt qu’on les pourra vendre présentement, c’est assurément le meilleur : c’est le conseil que mes amis de ce pays me donnent ; ils ne seront jamais plus chers qu’ils le sont, et peuvent diminuer. L’avoine est à un prix excessif. Je vous conjure donc, Madame, de donner vos ordres sans balancer et sans retardement ; et prenez pour vous le conseil que je vous donne. Ayez la bonté de dire à Hébert que j’ai reçu sa lettre de change de 1500tt Il ne faut point croire ces gardeurs de grains pour l’éternitè : c’est ainsi qu’il me parle ; et suivant ma bonne

  1. 3. Rheinîeld fut assiégé dans le courant de décembre 1692 par Tallard, qui leva le siège dès les premiers jours de janvier pour se porter au-devant des ennemis qui venaient au secours de la place. — Furnes se rendit le 5 janvier, après quinze heures de tranchée, à Boufflers, qui allait être fait maréchal de France au mois de mars.