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1692 mille obligations : il est bien fâché de ne vous avoir pas celle d’avoir vendu ses bois. À propos de vendre, je n’ai nul dessein de vendre Bourbilly, par une petite raison : c’est que c’est à ma fille après ma mort ; elle en fera le marché en ce temps-là. En attendant, je suis bien aise qu’on le souhaite et d’en jouir ; c’est de quoi il est question, ma chère Madame. Vous ne sauriez finir avec ces gens-là ; pour vous faire entendre leurs raisons, il vaut mieux vous envoyer leurs lettres. Je vous ai confié le style d’Hébert, et vous celui d’un de vos hommes. Voici encore une lettre de M. Boucard ; je vous conjure de la lire et d’observer tout ce qu’il me dit sur la manière dont Hébert prétend me payer, quels retardements il prétend apporter à des choses déjà échues, et donnez-vous la peine de tirer la vérité et de m’empêcher d’être trompée. Voilà, ma chère Madame, ce que j’attends de votre charité, et de ne me laisser pas bien longtemps dans le mois de janvier sans me faire envoyer de l’argent. L’abbé Têtu a reçu avec plaisir ce que je lui ai dit de votre part ; il a de grandes dispositions à vous aimer plus que toutes les femmes qu’il connoît ; il a raison, je suis de son avis. Nous avons depuis dix jours M. de Grignan[1] ; M. Catinat[2]vint en même temps ; il a eu de grandes conférences avec le Roi ; tout le monde est fort content de ses manières. L’abbé Pelletier[3] est toujours très-mal, le boyau percé, C’est une pitié ; on ne sait où faire cette opération ;

  1. 3. Dangeau ne mentionne pas l’arrivée du comte de Grignan ; mais au 30 novembre précédent il donne la nouvelle suivante : « Le Roi a donné douze mille francs de gratification à M. le comte de Grignan, lieutenant général en Provence, et qui a très-bien servi cette année. »
  2. 4. Mercredi 10 (décembre 1692), à Versailles, M. de Catinat arriva ici le matin ; il y avoit trois ans qu’il n’avoit été à la cour. Il fut enfermé avec le Roi le matin, l’après-dînée et le soir ; il repartira incessamment pour retourner à Pignerol. » (Journal de Dangeau.)
  3. 5. Voyez tome VIII, p. 557, note 27.