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pas vrai, ma nièce ? Vous ne m’en dédirez pas ; et vous m’aimerez toujours tous deux, s’il vous plaît.


* 1351. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À LA COMTESSE DE GUITAUT.

Paris, dimanche 21e décembre[1].

Vraiment, Madame, il s’en faut bien que vous ne m’écriviez de votre bonne encre ; je ne sais pour qui vous la gardez mais je comprends que je n’en suis pas digne : à peine votre lettre a-t-elle pu paroître à mes yeux. La mienne n’a pas eu moins de peine à se présenter devant vous. C’est une étrange pensée à Monsieur votre homme d’affaires, ne lui en déplaise, que de mettre ce pauvre paquet avec des raquettes et des volants : voilà une exactitude dont l’ombre de M. de Louvois lui est fort obligée. Enfin tout cela s’est heureusement démêlé, et j’ai vu ou entrevu toutes les peines que vous prenez pour moi, et comme vous souffrez l’ennui des styles différents et des difficultés, pour faire approcher et confronter mes ministres, les oppositions, les aversions, les contestations : n’êtes-vous pas trop bonne, ma chère Madame, de vous charger de tout ce tracas ? Nous chantions l’autre jour vos louanges, le comte de Choiseul[2]et moi ; il vous a

  1. Lettre 1351 (revue sur l’autographe). — 1. Dans l’original, les deux chiffres 2 et 1 sont si rapprochés l’un de l’autre, qu’on peut hésiter entre 4 et 21 ; cependant 21 est la lecture la plus probable ; (d’ailleurs 4 est impossible avec dimanche ; le 4 décembre en 1692 était un jeudi. — Le premier mot de la lettre est écrit vrament.
  2. 2. Celui qui fut maréchal l’année suivante (voyez tome III, p. 2, note 5). Il mourut en 1711, et Saint-Simon, en annonçant sa mort (tome IX, p. 82 et 83), fait le plus bel éloge de ses talents, de sa probité et de son courage.