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1691
aimé ici, et que l'on compte sur vous à la fin de vos engagements. On nous a mande de toutes parts beaucoup de bien de votre pupille[1] : il est bien fait, il est joli, il est savant : je me le représente fort agréable. Nous avons eu ici quatre ou cinq heures Monsieur son père[2] ; il ne voulut point se coucher, et partit à minuit par un froid à mourir ; car je vous avertis que l'hiver est plus cruel ici qu'en nul autre lieu. Je n'écris plus à Mme de Vins, que j'aime et que j'estime au dernier point ; nous nous aimons dans le silence en Mme de Grignan. M. de Grignan n'a plus de fièvre en forme, mais sa convalescence est d’une langueur et d'une longueur qui nous fait mourir d’ennui[3] ; nous nous en prenons à la saison. Je vous conjure, mon cher Monsieur, de souhaiter pour moi une heureuse année à M. de Pompone. Ah ! c'est à lui, c’est à un mérite comme le sien que l’on devroit souhaiter ce que vous m'avez souhaité ; vous savez comme je suis pour cet homme admirable. Faites-lui donc ma cour, et ne doutez jamais, vous, mon cher Monsieur, de la suite de mon estime et de mon amitié. Ah! quelle plume! je m’en vais l'écraser[4].

Lettre 1314.
  1. Le petit marquis de Vins.
  2. La Gazette (p. 263) nous montre encore vers le milieu de mai 1691, le marquis de Vins guerroyant contre les Barbets, et remportant sur eux un avantage signalé. Il eut en cette occasion un cheval tué sous lui.
  3. Voyez la lettre de Mme de Sévigné à Bussy du 12 juillet suivant, p. 31.
  4. Cette lettre est une de celles qu’il est le plus difficile de lire dans l’original. La plume était si mauvaise, que l’écriture est presque indéchiffrable. (Note de l'édition de 1820.)