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SUR MADAME DE SÉVIGNÉ.


sa femme en Bretagne, il revint seul à Paris. Il n’était plus occupé de Ninon, mais de madame de Gondran, célèbre alors sous le nom de la belle Lolo, et dont le mari, fils de l’avocat Galland, était une sorte de Georges Dandin, gourmand, ivrogne et vaniteux, toujours en festins avec les grands seigneurs, et ne pouvant plus souffrir les bourgeois. Sévigné fut bientôt au nombre de ses meilleurs amis et de ceux aussi de sa femme. Une anecdote, racontée par Tallemant, peut faire juger des caprices de la belle Lolo, et de la complaisance que Sévigné mettait à les satisfaire. Des pendants d’oreille de mademoiselle de Chevreuse avaient plu à madame de Gondran, qui désira les porter dans une soirée de carnaval. Sévigné se les fit prêter, pour mademoiselle de la Vergne, disait-il. On s’étonna de voir les pendants de mademoiselle de Chevreuse aux oreilles de madame de Gondran ; et pour tirer Sévigné d’un embarras qui devenait fâcheux, mademoiselle de la Vergne fut obligée de prendre tout sur elle, et d’aller remercier mademoiselle de Chevreuse.

On peut croire qu’une maîtresse, qui avait de ces fantaisies, entraînait dans de grandes dépenses un prodigue tel que Sévigné. Il y avait longtemps que ses dissipations avaient commencé à mettre le désordre dans sa fortune. Les amis de madame de Sévigné, et avant tout autre, sans aucun doute, le bon abbé de Coulanges, l’avaient forcée à se séparer de biens. Mais telles étaient sa bonté et son amitié pour son mari, qu’on n’avait pu, après cette séparation, l’empêcher de lui venir en aide en s’engageant elle-même pour une somme de cinquante mille écus.

Sévigné faisait de son argent et de celui de sa femme ce bon usage avec madame de Gondran, lorsqu’il se trouva pour elle entraîné dans une querelle qui eut une issue funeste. Ce n’était pas la première. Déjà quelques jours auparavant il avait voulu donner des coups de bâton à un certain Lacger ou Lager, pour venger cette belle de propos que ce Gascon avait tenus sur son compte. Le bruit qu’un duel s’en était suivi, s’était répandu jusqu’en Bretagne et était venu alarmer madame de Sévigné. Mais Lacger était, suivant Tallemant, « un grand coquin, » qui s’était contenté de se soustraire prudemment aux coups. La seconde querelle de Sévigné ne pouvait avoir un