le 11 décembre madame de Sévigné était avec lui au Parlement,
dans la lanterne « pour entendre plaider un procès, lorsque
les députés des enquêtes envahirent la grand-chambre, et
demandèrent l’assemblée générale. »
La mention faite par d’Ormesson de cette scène à laquelle madame de Sévigné fut présente, nous avertit que nous sommes arrivés au temps de la Fronde. La première guerre de Paris allait éclater ; et elle ne laissa pas longtemps réunis dans cette ville Sévigné, sa femme, et Bussy. Celui-ci, qui logeait alors au Temple, chez son oncle, Hugues de Rabutin, paraît avoir, pendant ce mois de décembre 1648, où il était dans le voisinage de sa cousine, mis le temps à profit pour essayer de s’insinuer dans ses bonnes grâces et pour lui débiter ses fleurettes, qu’il faisait passer sous le couvert du badinage. C’était en riant, avait-il cru remarquer, qu’elle pouvait être attaquée ; c’était par la gaieté et par l’esprit qu’il semblait y avoir quelque espérance de lui plaire. « Quelquefois, a-t-il dit, on lui fait voir bien du pays. La chaleur de la plaisanterie l’emporte... Elle reçoit avec joie tout ce qu’on lui veut dire de libre, pourvu qu’il soit enveloppé[1]. » Le ton des lettres qu’il lui écrivit peu après montre bien qu’il lui parlait en effet avec une liberté très grande. Mais l’amusement de ce commerce galant, qui n’était pas aussi innocent dans ses intentions que dans la conduite de madame de Sévigné, fut bientôt interrompu par les événements publics. Lorsque M. et madame de Sévigné étaient revenus à Paris, la cour, qui, après l’arrestation de Broussel et de Blancmesnil, avait quitté cette ville, venait d’y rentrer, et, pour un moment, tout avait paru pacifié. Mais cette paix ne faisait l’affaire ni des princes, ni du coadjuteur, et de nouveaux orages avaient été soulevés dans le Parlement. La veille des Bois de l’année 1649, la cour quitta, pendant la nuit, le Palais-Royal et se retira à Saint-Germain ; le prince de Condé la suivit : c’était le commencement de la guerre civile. Bussy, attaché à l’armée de Condé, s’évada le lendemain de Paris, pour le rejoindre, quoique très mécontent alors de la manière dont il était traité par lui. Le hasard des circonstances le jetait
- ↑ Histoire amoureuse des Gaules, tome II des Mémoires de Bussy, p. 425.