des coups de pinceau qui sont de main de maître. Quand on
a lu madame de Sévigné, on la voit ainsi, et l’on croit à la
fidélité du peintre. Pour notre compte, dans un tel portrait,
c’est à la physionomie, c’est à l’expression que nous tenons.
Les amoureux de madame de Sévigné ont pu s’occuper d’autre
chose ; mais nous, à cette distance, les petits détails nous
échappent et nous touchent peu. Nous avons surtout besoin
de nous faire de madame de Sévigné une image où, dans un
aimable éclat, rayonne sa vive intelligence et brille le sourire
de sa grâce.
Au premier rang de ceux qui avaient pu connaître mademoiselle de Chantal, l’aimer pour tous ses agréments, goûter tout le charme de son esprit, apprécier même sa dot, et le plus facilement lui plaire, était son cousin Bussy, que nous avons déjà plusieurs fois nommé, mais qui va commencer à nous arrêter un peu plus. Il descendait, comme madame de Sévigné, de Christophe Ier de Rabutin, né au commencement du seizième siècle. Deux des cinq fils de ce Christophe, Guy et François laissèrent une postérité. L’aîné, qui était Guy, avait eu pour fils Christophe II, grand-père, comme nous l’avons vu, de madame de Sévigné. François, le cadet, avait eu pour fils Léonor, père de Roger de Rabutin, comte de Bussy. Roger de Rabutin était né en 1618. Par la mort de deux frères qui le précédaient, il devint l’aîné de sa maison. Il fit ses premières armes en 1634, à l’âge de seize ans. Quatre ans plus tard, à vingt ans, son père, ayant renoncé au service, lui fit obtenir un régiment, et il devint mestre de camp d’infanterie. Il avait déjà fait alors quatre campagnes. La fortune de son père était en mauvais état ; pour lui, il était très porté à la dépense, Aussi Léonor de Rabutin le poussait-il de toutes ses forces à