1666
J’espère que vous vous apercevrez du mien. Aussi bien il y en a un qui le suit assez Souvent. Mais apparemment, puisqu’il est question de Mlle de Sévigné, vous jugez bien que l’on ne parlera plus de moi, au moins sur ce propos ; car pour ne plus parler de moi, ce n’est pas chose possible à Fresnes et à l’hôtel de Nevers[1]. J’y suis le souffre-douleur, on s’y moque de moi incessamment. Si la douceur de Mme de Coulanges et de Mlle de Sévigné ne me consoloit un peu, je crois que je m’enfuirois dans le Nord[2].
Pour moi, je suis comme Mme de la Fayette : si j’avois encore été longtemps sans vous écrire, je crois que je vous aurois souhaité mort pour être défaite de vous : chi offende non perdona[3], comme vous savez. Cependant c’eût été grand dommage, car j’apprends que Votre Excellence fait autant de merveilles dans le Nord[4] qu’elle se fait aimer quand elle est à Fresnes. Je suis donc fort aise de vous écrire afin de ne vous plus souhaiter tant de mal. Nous sommes tous ici dans une compagnie choisie. Si vous y étiez, il n’y auroit rien à y désirer. J’ai causé ce matin deux heures avec Monsieur votre père[5]. Si vous saviez comme nous nous aimons, vous en seriez jaloux. Adieu,
- ↑ Dans la copie il n’y a que les initiales : « à Fr. et à l’h. de N. » De même en tête des billets on lit seulement Mme de la F. et Mme de S. Vers la fin du premier, il y a plutôt M. de C. (Coulanges) que Mme de C. ; cependant il peut rester quelque doute.
- ↑ Voyez la note 6.
- ↑ « Qui offense ne pardonne pas. »
- ↑ Arnauld de Pompone était rentré en grâce auprès du Roi. Il avait été nommé ambassadeur extraordinaire en Suède, et avait fait son entrée solennelle à Stockholm le 24 février 1666. Voyez les Mémoires de l’abbé Arnauld, son frère (tome XXXIV, p. 319).
- ↑ Dans la copie : M. votre P.