1664
Mais non, ce n’est point de si haut que cela vient. De telles vengeances rudes et basses ne sauroient partir d’un cœur comme celui de notre maître. On se sert de son nom, et on le profane, comme vous voyez. Je vous manderai la suite : il y auroit bien à causer sur tout cela ; mais il est impossible par lettre. Adieu, mon pauvre Monsieur, je ne suis pas si modeste que vous ; et sans me sauver dans foule, je vous assure que je vous aime et vous estime très-fort.
J’ai vu cette nuit la comète : sa queue est d’une fort belle longueur ; j’y mets une partie de mes espérances. Mille baisemains à votre chère femme.
66. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ
À M. DE POMPONE.
Enfin la mère, la belle-fille et le frère ont obtenu d’être ensemble : ils s’en vont à Montluçon, au fond de l’Auvergne[2]. La mère avoit permission d’aller au Parc-
- ↑ Lettre 66. — i. Dans l’édition de 1756, qui est la première des Lettres à Pompone, et dans toutes celles qui l’ont suivie, la lettre 66 a la date suivante : Jeudi au soir janvier 1665. C’est évidemment une erreur. Les mots l’arrêt de samedi ne peuvent avoir qu’un sens : l’arrêt de samedi dernier. Or, ce samedi dernier, c’est le 20 décembre. Le jeudi est donc le 25 du même mois. Mme de Sévigné avait mis simplement, comme nous le voyons par la copie Amelot, Jeudi au soir, sans indiquer ni le mois ni l’année. Ce qui achève de confirmer notre conjecture, c’est la mention de la mort de Mme de Grignan. Angélique-Clarice d’Angennes, première femme du comte de Grignan (voyez la Notice, p. 106), est morte le 22 décembre 1664, comme on le voit dans le Dictionnaire de Moréri, à l’article Angennes, et non en janvier 1665, comme il est dit dans le même ouvrage à l’article Grignan.
- ↑ Voyez la note 3 de la lettre précédente.