1664
comme tout ce qu’il a dit là-dessus. Je vous écrirai jeudi et vendredi, qui seront les deux derniers jours de l’interrogation, et je continuerai encore jusques au bout.
Dieu veuille que ma dernière lettre vous apprenne la chose du monde que je souhaite le plus ardemment !
Adieu, mon cher Monsieur ; priez notre solitaire de prier Dieu pour notre pauvre ami. Je vous embrasse tous deux de tout mon cœur, et par modestie j’y joins Madame votre femme.
M. Foucquet a parlé aujourd’hui deux heures entières sur les six millions. Il s’est fait donner audience, il a dit des merveilles ; tout le monde en étoit touché, chacun selon son sentiment. Pussort[2]faisoit des mines d’im-
- ↑ Dans les éditions et dans la copie de Troyes, ce billet est daté, comme le précédent, du mardi 2 décembre. Si cette date était exacte, il n’y aurait pas de compte rendu de la séance du mercredi, qui cependant, comme nous l’apprend le journal manuscrit de d’Ormesson, fut d’un grand effet et d’un grand intérêt. Ce qu’en dit d’Ormesson s’accorde parfaitement avec le récit de Mme de Sévigné. Foucquet revint sur les six millions dont il avait déjà parlé la veille, et « reprit deux ou trois raisons qu’il avait réservées sur cette affaire. »
- ↑ Henri Pussort, né en 1615, conseiller au grand conseil, oncle maternel de Colbert, et l’un des juges les plus acharnés contre Foucquet. Pussort a travaillé à la rédaction de l’ordonnance de 1667, sur la procédure civile, et c’est de lui que parle Boileau, dans ce passage du Lutrin (Ve chant) :
Ses griffes (de la Chicane), vainement par Pussort accourcies,
Se rallongent déjà, toujours d’encre noircies.
mandie et octrois de Rouen ; à quoi il satisfit fort bien. Lorsqu’on lui demanda comment il se pouvoit qu’il eût employé dix-huit millions dans deux ans pour la dépense de sa maison, comme il paroissoit par le livre de raison de son maître d’hôtel, il fut un peu surpris d’abord, mais, etc. » (Œuvres de M. Foucquet, tome XVI, p. 336.) Voyez la lettre suivante.