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façon comme l’autre fois[1]. M. le chancelier[2] a recommencé à lui dire de lever la main : il a répondu qu’il avoit déjà dit les raisons qui l’empêchoient de prêter le serment ; qu’il n’étoit pas nécessaire de les redire. Là-dessus M. le chancelier s’est jeté dans de grands discours, pour faire voir le pouvoir légitime de la chambre ; que le Roi l’avoit établie, et que les commissions[3] avoient été vérifiées par les compagnies souveraines. M. Foucquet a répondu que souvent on faisoit des choses par autorité, que quelquefois on ne trouvoit pas justes quand on y avoit fait réflexion. M. le chancelier a interrompu : « Comment ! vous dites donc que le Roi abuse de sa puissance ? » M. Foucquet a répondu : « C’est vous qui le dites, Monsieur, et non pas moi : ce n’est point ma pensée, et j’admire qu’en l’état où je suis, vous me vouliez faire une affaire avec le Roi ; mais, Monsieur, vous savez bien vous-même qu’on peut être surpris. Quand vous signez un arrêt, vous le croyez juste ; le lendemain vous le cassez : vous voyez qu’on peut changer d’avis et d’opinion. — Mais cependant, a dit M. le chancelier, quoique vous ne reconnoissiez pas la chambre, vous lui répondez, vous présentez des requêtes, et vous voilà sur la sellette. — Il est vrai, Monsieur, a-t-il répondu, j’y suis ; mais je n’y suis pas par ma volonté ; on m’y mène ; il y a une puissance à laquelle il faut obéir, et c’est une mortification que Dieu me fait souffrir, et que- ↑ Foucquet, après une instruction qui avait duré trois années, comparut, pour la première fois, devant la chambre de justice de l’Arsenal, le 14 novembre 1664. Il se plaça de lui-même sur la sellette. Voyez les Œuvres de M. Foucquet, tome XII, p. 335.
- ↑ La commission qui jugeait Foucquet était présidée par le chancelier Seguier, que sa conduite dans le procès de de Thou avait déjà rendu odieux.
- ↑ La copie de Troyes porte commissaires au lieu de commissions.