Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 1.djvu/456

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 426 —

1658

vous faire demander ma grâce par Mme la comtesse de la Fayette[1] ; et je l’aurois fait, si je ne me fusse avisé que de ne m’adresser pas tout droit à vous, c’étoit vous ravir la gloire de faire une action de miséricorde. Je me promets, Madame, que je l’obtiendrai de votre bonté, et que vous ne serez pas si cruelle que de la refuser à mes très-humbles supplications. Autrement, j’ose vous déclarer que dans le désespoir où vous me mettrez, je pourrai bien me mutiner, et perdre une partie du respect que je vous dois. Votre modestie n’auroit point de plus dangereux ennemi que moi. D’abord j’apprendrois dans les provinces, ce qui n’est bien su que de la cour, que vous êtes la véritable princesse Clarinte de l’incomparable M. de Scudéry ; et puis je remplirois de vos louanges un second volume de lettres que je donnerai au public sur la fin de cette campagne ; et enfin je célébrerois si hautement vos vertus, qu’on connoîtroit par toute la France que je serois votre admirateur passionné, quoique n’eusse point sujet d’être,

Madame,
Votre très-humble, etc.,

48. — DE COSTAR À MADAME DE SÉVIGNÉ[2].

Madame,

Que j’aimerai toute ma vie mon sac de poil d’ours, de vous avoir rendu tant de bons services durant la gelée !

  1. Voyez la note 2 de la lettre 21.
  2. Lettre 48. — i. « Cette seconde lettre prouve encore une liaison plus intime. Costar avait prêté à la marquise une peau d’ours, qu’elle lui avait renvoyée. Elle lui avait aussi transmis quatre portraits écrits, dont un était celui de Mlle de Valois, fille de Gaston, et un autre, le sien sous le nom d’Iris, par un inconnu. » (Walckenaer, tome II, p. 168.)