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1656

faire un plus beau sur ce sujet. Je l’ai su par cœur la seconde fois que je l’ai lu : c’est signe qu’il m’étoit bien demeuré dans la tête. Mais vous saurez que la petite canzonnetta me paroît la plus jolie du monde. Je tâche de l’ajuster sur quelqu’un de tous les airs que j’ai jamais sus, et n’y trouvant pas bien mes mesures, je pense que j’entreprendrai d’y en faire un tout neuf, tant j’ai d’envie de la chanter.

J’ai lu avec beaucoup de plaisir la onzième lettre des jansénistes[1]. Il me semble qu’elle est fort belle. Mandez-moi si ce n’est pas votre sentiment. Je vous remercie de tout mon cœur du soin que vous avez eu de me l’envoyer avec tant d’agréables choses. Cela divertit extrêmement en tous lieux, mais particulièrement à la campagne. Songez donc que vous ferez une charité toutes les fois que vous en userez ainsi, et que vous obligerez une personne qui vous aime et vous estime beaucoup plus que vous ne pensez.

M. de Rabutin.

Mme de la Troche[2] est ici qui vous baise les mains. Mes oncles et mes enfants en font de même. Mandez-moi bien quelle réception vous aura faite[3] cette belle reine de Suède[4].


  1. La onzième Provinciale de Pascal avait paru le 18 août 1656.
  2. Marie Godde de Varennes, femme du marquis de la Troche, conseiller au parlement de Rennes, de la maison de Savonnière, en Anjou, veuve en 1689. Elle survécut à Mme de Sévigné. Voyez la Notice, p. 159.
  3. Dans l’autographe : « Quelle réception vous aura fait. »
  4. La reine Christine vint à Paris dans l’été de 1656, et chargea Ménage de lui présenter les savants et les hommes de lettres les plus distingués.