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1656 vive ? » La Feuillade répondit : « Vive la Feuillade ! » parce qu’il n’étoit pas mort. Si vous me demandez pourquoi ce cavalier lui en vouloit, je vous répondrai que je n’en sais point d’autre raison, si ce n’est qu’il falloit que ce jour-là la Feuillade ressemblât à un Espagnol.

La même nuit du 7e au 8, la contrescarpe fut prise, qui coûta beaucoup de braves gens au régiment de Turenne.

Voici une des plus grandes entreprises que nous ayons faites depuis la guerre : nous attaquons la plus grande ville[1] des Pays-Bas, où sont les magasins d’Espagne ; il y a quinze ou seize cents hommes de guerre dedans, et plus de dix mille bourgeois portant les armes, qui servent comme des troupes réglées. Nous avons à la portée du fauconneau de nos lignes une armée ennemie de vingt mille hommes, dans laquelle est le prince de Condé, qui observe tous nos mouvements et qui nous tient dans une contrainte épouvantable[2]. Cependant l’ordre est si bon parmi nous, et nos troupes me paroissent si bien intentionnées, que j’attends un bon succès de notre entreprise. Je ne doute pas que les ennemis ne fassent une attaque aux lignes : si c’est de notre côté, ils seront repoussés ; je ne vous dis pas cela comme un fanfaron et sans connoissance de cause.

Par le premier ordinaire je vous manderai ce qui sera arrivé ; je sais quel plaisir c’est que de recevoir des nouvelles d’importance, et véritables comme celles-ci.

J’oubliois de vous dire que j’ai vu M. de la Trousse[3],

  1. Dans le manuscrit, on a remplacé au-dessus de la ligne les mots « la plus grande ville », par « une des plus considérables places ».
  2. L’armée espagnole était commandée par don Juan d’Autriche, le prince de Condé et le marquis de Caracène.
  3. Philippe-Auguste le Hardi, marquis de la Trousse, cousin germain de Mme de Sévigné : voyez la Généalogie, p. 344. En 1669,