1655
J’ai reçu de grands remerciements de la comtesse de Fiesque[1] sur l’affaire dont vous dites qu’on a tant chuchoté à Saint-Fargeau. Ce n’est ; pas qu’elle ne désavoue la lettre, mais elle me rend grâces de l’avoir supprimée, disant que si elle avoit été vue, il auroit été bien malaisé de désabuser le public, à moins que de faire des manifestes qui, bien loin de justifier, éternisent la médisance.
M. le Cardinal a été une seconde fois à l’armée, pour voir Condé et Saint-Ghislain, et pour laisser ces places en état de ne rien craindre cet hiver, et de se passer de nous jusqu’au printemps. Son Eminence m’a fort bien traité, et m’a fait donner mille écus pour achever ma campagne.
Il y a deux ou trois jours que M. de Turenne et moi parlant de quelque chose, je vins à vous nommer. Il me demanda si je vous voyois ; je lui répondis qu’étant cousins germains[2] vous et moi, et de même maison, je ne voyois pas une femme plus souvent que vous. Il me dit qu’il vous connoissoit, et qu’il avoit été vingt fois à votre
- ↑ Gillonne d’Harcourt, veuve de Louis de Brouilly, marquis de Piennes, et femme en secondes noces de Charles-Léon, comte de Fiesque. Elle mourut en 1699 à quatre-vingts ans. On la connaissait dans le monde sous le nom de Mme la Comtesse. Elle était dame d’honneur de Mademoiselle. Dans ce passage énigmatique, Bussy veut parler probablement de quelque lettre relative aux démêlés de la princesse avec son père. Voyez les Mémoires de Mademoiselle, à l’année 1655.
- ↑ Par alliance : Bussy avait épousé en premières noces Gabrielle de Toulongeon, cousine germaine de Mme de Sévigné. Par une addition écrite d’une autre encre, au-dessus de la ligne, par la marquise de Coligny, fille de Bussy, le texte a été plus tard ainsi modifié : cousins issus de germains.
des diverses raisons qui le mirent mal avec Foucquet, et des assurances que Mme de Sévigné donnait à celui-ci du dévouement de son cousin.