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1655

pas d’être fort agréable. Je serois bien fâché qu’elle fût plus courte, et vous avez tort de dire que vous écririez mieux si vous n’étiez malade. Vous vous portez mieux que vous ne pensez, ma chère cousine, et moi je suis à vous mille fois plus que je ne vous le saurois dire.

Je vous écris fort à la hâte, parce qu’il y a une heure que l’armée est en marche. Je ne vous écris pas en galopant, comme vous me mandiez l’autre jour que vous faisiez ; mais je vais galoper dans un moment pour vous avoir écrit.


34. — DU COMTE DE BUSSY RABUTIN
À MADAME DE SÉVIGNÉ.

Il se passa près de deux mois sans que j’écrivisse à la marquise, parce que nous fûmes dans de continuelles marches. Elle m’écrivit pourtant une lettre, que je n’ai point retrouvée, mais l’on le verra par la lettre suivante.

Au camp d’Angres[1], ce 7e octobre 1655.

Je suis fort aise, Madame, que vous m’assuriez que M. le surintendant souhaite de trouver que j’ai raison dans l’affaire qu’on m’a voulu faire avec lui. Cela ne laisse pas de me surprendre, et je trouve fort extraordinaire qu’il aime mieux avoir sujet de se plaindre de Mme Martel que de moi. Je vous assure aussi, ma belle cousine, que je lui en ai bien plus d’obligation, et qu’il n’y a guère de gens au monde contre qui je ne me déclarasse quand il s’agira de ses intérêts. Pour vous qui m’empêchez de perdre un si bon ami[2], vous pouvez juger si je vous aime.

  1. Lettre 34. — i. Village près de Lens en Artois (Pas-de-Calais).
  2. Bussy raconte dans ses Mémoires (tome II, p. 49) que lorsqu’il acheta en 1653, la charge de mestre de camp général de la cavalerie, le surintendant l’aida de sa bourse. Il parle au même endroit