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1655et je vous fis réponse en même temps. Je vois bien que vous ne l’avez pas reçue, et j’en suis fort fâchée ; car, outre qu’elle étoit assez honnêtement tendre, c’est qu’elle étoit assez jolie, au moins à ce qu’il me sembloit ; et comme elle vous étoit destinée, je suis en colère qu’un autre en ait eu le plaisir. Depuis cela je vous ai encore écrit par un laquais que vous aviez envoyé ici, lequel étoit chargé de plusieurs lettres pour de belles dames[1]. Je ne m’amusai pas à vous chicaner sur ce qu’il n’y en avoit point pour moi aussi, et je vous fis une petite lettre en galopant, qui vous faisoit connoître, quoique assez mal arrangée, la sensible joie que j’ai eue du bonheur que vous eûtes à vos gardes de Landrecy, dont la nouvelle nous est venue ici le plus agréablement du monde, par des gens de la cour qui nous ont dit que M. le Cardinal avoit dit beaucoup de bien de vous devant le Roi, qui en avoit dit lui-même, et ensuite toute la cour, qui avoit fort loué cette dernière action. Vous pouvez croire que ma joie n’a pas été médiocre d’entendre dire tout haut cela de vous. Mais pour en revenir à mon conte, ce fut sur cela que je vous écrivis ma seconde lettre, et cinq ou six jours après j’ai reçu celle où je vois que vous vous plaignez de moi. Cependant, mon pauvre cousin, vous voyez bien que vous n’en avez aucun sujet, et là-dessus on peut tirer une belle moralité : c’est qu’il ne faut jamais condamner personne sans l’entendre. Voilà ce que j’avois à vous dire pour ma justification. Quelque autre peut-être auroit pu réduire les mêmes choses en moins de paroles ; mais il faut que vous supportiez mes défauts : chacun a son style ; le mien, comme vous voyez, n’est pas laconique.

  1. Lettre 31. — i. Mmes de Monglas et de Gouville. Voyez la lettre précédente.