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1654 Coadjuteur[1], et ne doute pas qu’elle ne fasse un très-grand effet. Je l’envoyai dès hier à Nantes, à M. le maréchal de la Meilleraye[2], et je ne vous puis dire à quel point je vous suis obligée de la diligence avec laquelle vous m’avez rendu ce bon office. En cela j’ai bien reconnu votre manière ordinaire, et en vérité je vous en remercie d’aussi bon cœur, que de bon cœur vous avez pris cette peine. Je crois que vous en serez content. Je n’écris point à M. le Coadjuteur pour lui en faire un compliment ; je crois qu’il suffira que vous lui en fassiez un pour moi. Je vous conjure de n’y pas manquer, et de me mander si le vôtre suffira.

Mais voici qui est admirable de vous voir si bien avec toute ma famille. Il y a six mois que cela n’étoit pas du tout si bien[3]. Je trouve que les changements si prompts ressemblent fort à ceux de la cour ; je vous dirai pourtant qu’à mon avis cette bonne intelligence ici durera davantage ; et pour moi, j’en ai une si grande joie, que je ne puis vous la dire au point qu’elle est. Mais, bon Dieu !

  1. Lettre 27. — i. Le cardinal de Retz, conduit de Vincennes au château de Nantes le 30 mars précédent, était parvenu à s’en évader le 8 août : Renaud de Sévigné avait favorisé son évasion. Le cardinal s’était empressé de donner de ses nouvelles à Mme de Sévigné ; il lui avait écrit sans doute de chez le duc de Retz son frère, à Machecoul, dans le pays de Retz, et il avait adressé sa lettre à Ménage, autrefois son commensal. — Retz était cardinal depuis 1650, et depuis mars 1654 archevêque de Paris. C’est par habitude que Mme de Sévigné le nomme le Coadjuteur. Il est vrai que pendant sa détention il avait donné au Roi sa démission de l’archevêché.
  2. Charles de la Porte, duc de la Meilleraye, maréchal de France en 1639, lieutenant général au gouvernement de Bretagne, et grand maître de l’artillerie, mort en 1664.
  3. Est-ce une allusion aux démêlés que Ménage avait eus deux ans auparavant avec le cardinal de Retz et qui avaient bien pu laisser entre eux quelque froideur ? Voyez la Muse historique de Loret, livre III, p. 140, 5 octobre 1652.