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1649

mes mains, je ne pense pas que je ne désertasse ; mais cette vue me fait prendre patience.

J’envoie ce laquais pour me rapporter de vos nouvelles, et pour me faire venir mes chevaux de carrosse, sous le nom de notre oncle le grand prieur[1]. Adieu, ma chère cousine.


11. — DU COMTE DE BUSSY RABUTIN À MADAME DE SÉVIGNÉ.

Les gens du maréchal de la Mothe Houdancourt ayant pris mes chevaux à mon cocher comme il me les amenoit, j’écrivis cette lettre à la marquise de Sévigné.

À Saint-Denis, ce 5e mars 1649[2].

C’est à ce coup que je vous traite en ennemie, en vous écrivant par mon trompette. La vérité est que je l’envoie au maréchal de la Mothe[3] pour le prier de me renvoyer les chevaux de carrosse du grand prieur de France, notre oncle, que ses domestiques ont pris comme on me les amenoit. Je ne vous prie pas de vous y employer, car c’est votre affaire comme la mienne ; mais nous jugerons par le succès de votre entremise quelle considération on a pour vous dans votre parti : c’est proprement à dire que nous aurons bonne opinion de vos généraux, s’ils font le cas qu’ils doivent de vos recommandations.

  1. Hugues de Rabutin, grand prieur de l’ordre de Malte depuis 1645, frère puîné de Léonor de Rabutin, père de Bussy.
  2. Lettre 11. — i. Cette lettre et la suivante sont des 5 et 6 mars, non des 25 et 26, comme le disait, d’après Bussy, l’édition de 1818. Voyez Walckenaer, tome I, p. 190-192, et tome II, p. 411.
  3. Philippe de la Mothe Houdancourt, maréchal de France depuis 1642, s’était jeté dans le parti de la Fronde. Il était très-dévoué au duc de Longueville, « à qui il avoit été attaché vingt ans durant, dit le cardinal de Retz, par une pension qu’il avoit voulu même retenir par reconnoissance, encore après qu’il eut été fait maréchal de France. »