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1648

Je m’accommode fort de M. de Launay Lyais[1] ; il recevra de moi toutes les assistances et tous les bons offices que je puis rendre auprès de Monsieur le Prince à un de mes amis ; il est honnête homme, et ma chère cousine me l’a recommandé : je vous laisse à penser si je le servirai.


9. — DU COMTE DE BUSSY RABUTIN À MONSIEUR
ET MADAME DE SÉVIGNÉ.

À la fin de 1648, étant allé avec Sévigné et sa femme à l’abbaye de Ferrières (près de Montargis, en Gâtinais) voir l’évêque de Chalon, notre oncle[2], je les y laissai, après y avoir été cinq ou six jours avec eux, et je m’en allai à Paris pour terminer une affaire que j’y avois. Deux jours après que j’y fus arrivé, je leur écrivis cette lettre.

À Paris, ce 15e novembre 1648.

J’ai voulu d’abord écrire à chacun de vous en particulier ; mais la réflexion de la peine m’en a rebuté ; de faire aussi des baisemains à l’un dans la lettre de l’autre, j’ai appréhendé que l’apostille ne l’offensât ; de sorte que j’ai pris le parti de vous écrire à tous deux, l’un portant l’autre.

La plus sûre nouvelle que j’aie à vous apprendre, c’est que je me suis fort ennuyé depuis que je ne vous ai vus. Il faut dire la vérité, je ne le prévoyois pas quand je sortis d’auprès de vous. Au contraire, allant voir cette petite brune pour qui vous m’avez vu le cœur un peu tendre, je croyois que je ne songerois plus que vous fussiez au monde. Cependant je m’étois trompé ; la petite brune m’avoit, ce qu’on appelle, sauté aux yeux, je ne lui avois dit que deux mots. C’est une beauté surprenante, de qui
  1. lettre 9. — Launay Lyais, volontaire breton, que Bussy traite ailleurs, dans ses Mémoires (tome I, p. 197), d’homme obscur et glorieux.
  2. lettre 9. — Voyez la Notice, p. 34, 41 et 343.