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À Bergues-Saint-Vinox on fit ces deux combats ;
      On en fit mêmes encor d’autres,
      Que je ne vous conterai pas,
      Comme moins sanglants que les nôtres ;
Mais enfin Saint-Vinox privé de tout secours
      Ne dura pas plus de deux jours ;
Et de là, de Mardick nous fîmes l’entreprise.
    Si Je voulois vous faire le portrait
Des hasards que courut le rince avant la prise,
        Je n’aurois jamais fait.
      Ce fut là que pour mon bonheur
      L’ennemi rasant la tranchée,
      Devant ce prince j’eus l’honneur
      De tirer une fois l’épée.
      Ce fut en cette occasion
      Qu’il fit lui-même une action
      Digne d’éternelle mémoire,
      Et que m’ayant d’honneur comblé,
      Il se déchargea de la gloire
      Dont il se trouvoit accablé.

Je ne vous saurois dire ma chère cousine, combien Monsieur le Duc prôna le peu que je fis en cette sortie ; mais ce qui la rendit plus considérable, ce furent les choses qu’il y fit, et la mort ou les blessures des gens de qualité qui s’y trouvèrent[1], et tout cela me fit honneur parce que je commandois en cette occasion.

Mardick enfin s’étant rendu,
Gastons[2] se retira rempli de renommée,

  1. « Le duc de Nemours eut la jambe percée, le prince de Marsillac l’épaule, le duc de Pont de Vaux la mâchoire cassée, et Laval fut blessé au-dessus de la hanche. Le comte de Fleix de la maison de Foix, la Roche-Guyon, fils de Liancourt… et le chevalier de Fiesque furent tués. » (Discours de Bussy à ses enfants, p. 219.)
  2. « Le duc d’Orléans était généralissime, le duc d’Enghien général sous lui, et sous ce prince les maréchaux de Gramont et de Gassion. » (Ibid., p. 211.)