utile à rien, un des plus terribles de cette guerre dans les
deux armées. Dans une conférence entre les deux partis, qui
eut lieu après la bataille, un des officiers du prince d’Orange
demanda au maréchal de Luxembourg quel était cet escadron
qui avait, deux heures durant, soutenu le feu de neuf de ses
canons. Le maréchal répondit que c’étaient les gendarmes-Dauphin et que M. de Sévigné était à leur tête
[1]. Il avait eu
quarante de ses gendarmes tués derrière lui.
Sévigné, la paix faite, et après avoir si bien payé de sa personne, ne tarda sans doute pas à revenir, et dut trouver à Paris sa sœur, qui ne reprit le chemin de la Provence qu’en septembre 1679. Quand elle partit, son frère était en Bretagne, où, suivant l’expression de madame de Sévigné, il brillotait fort aux états. Nous avons déjà vu qu’elle aimait beaucoup les diminutifs en parlant de lui. Ses sentiments, ses vertus, ses talents, ses succès, tout lui semblait gentil, mais petit. C’était d’un autre côté qu’elle regardait avec des verres grossissants les occasions d’admirer. Il se faisait cependant honneur dans sa patrie bretonne, à laquelle il consacrait la première année de paix. Il y était fort considéré. Il fait plusieurs fois député de la noblesse vers M. de Chaulnes. La seule crainte de sa mère était qu’il ne prit un peu trop goût à la Bretagne. Évidemment il y trouvait un genre de vie qui lui convenait bien mieux que le service militaire, dont il rêvait déjà de s’affranchir. Madame de Sévigné pensait beaucoup alors à le marier. Elle s’en était déjà souvent occupée. Un jour la femme qu’elle lui destinait était une petite fille « un peu juive de son estoc, mais dont les millions paroissoient de bonne maison [2] ; » une autre fois c’était mademoiselle d’Eaubonne ; mais le père répondait qu’il ne voulait que de la robe. Madame de Grignan fut chargée de négocier un mariage avec la fille de Rouillé, intendant de Provence [3] ; ce projet échoua comme les autres. Ce qui faisait tort à Sévigné, c’est que son avancement dans sa carrière avait été bien lent et ne répondait pas à ce que sa naissance aurait dû faire espérer. Sa mère, le voyant réussir si bien en Bretagne, pendant