ment antipathique à tout ce qui tient à l’esprit de l’école
jésuitique. Quoiqu’à l’occasion elle convertisse des huguenots
(nous ne parlons pas de son éloge de la révocation de l’édit
de Nantes, croyant bien, par bonheur, y voir quelque ironie[1]),
elle a quelquefois de la peine à se défendre contre certaines
apparences, très-fausses sans doute, d’un peu de calvinisme.
Sur le grand autel de sa chapelle des Rochers, elle avait fait
graver en lettres d’or :
- soli deo honor et gloria[2]
Elle avertit, à ce sujet, qu’elle ne conteste pas l’invocation des saints, mais qu’elle a voulu « éviter toute jalousie[3]. » Sa fille l’accusait d’hérésie; elle lui répondait : « J’ai un tableau de la sainte Vierge sur mon autel, un crucifix et mon écriteau (son inscription en lettres d’or) ; je n’en veux pas davantage[4]. » Elle ne semble pas très-dévote à la Sainte-Baume ni à la châsse de sainte Geneviève. Elle plaisante fort librement sur les superstitions populaires, dont la procession de la bonne sainte et du bon saint Marcel étaient l’occasion[5]. Quand, sur le bateau de la Loire, le bon abbé de Coulanges est dans le chapelet, elle s’en dispense, « trouvant qu’elle rêve bien sans cela[6]. » De sa prière du soir elle avait tiré ce qu’elle appelait de la pluche, et ayant ôté doucement : Souvenez-vous, très-pieuse Vierge Marie, etc., elle disait des oraisons de saint Augustin, de saint Prosper, et des Miserere en français. Elle changeait quelquefois de prières, pour échapper à la routine[7].
Nous citons exactement, sans juger dans ces matières si délicates. La mère et la fille se renvoyaient mutuellement, en riant, l’accusation d’hérésie. Nous sommes, pour nous, persuadé que les plus sévères ne les croiront pas, du moins, hérétiques de volonté. Nous n’avons pas, d’ailleurs, prétendu déterminer au juste, et suivant les règles d’une orthodoxie rigoureuse, la foi