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NOTICE BIOGRAPHIQUE


faveur des divines et sublimes beautés qui nous transportent... Je suis folle de Corneille, il faut que tout cède à son génie... Croyez que jamais rien n’approchera, je ne dis pas surpassera, je dis que rien n’approchera de son divin génie. » Avec un enthousiasme si passionné, et d’ailleurs si juste, pour Corneille, peut-on s’étonner qu’elle n’ait pas été assez équitable pour Racine ? Qui ne sait du reste qu’elle n’a pas été aussi aveugle sur ses beautés qu’on l’a prétendu ? Ç’a été longtemps un lieu commun qu’elle avait dit que Racine « passeroit comme le café. » C’est un lieu commun aujourd’hui (et il vaut mieux, étant plus vrai) qu’elle ne l’a pas dit, et que Voltaire, en rapprochant deux passages différents, a arrangé ce petit conte. Il est certain toutefois qu’elle applaudissait, quoique avec quelques réserves, à la critique de Bérénice par l’abbé de Villars ; qu’elle faisait des objections beaucoup trop sévères contre Bajazet, et croyait la Champmeslé nécessaire pour réchauffer la pièce ; qu’elle a dit, ce qui est plus fâcheux, que Racine faisait des tragédies pour cette comédienne, non pour les siècles à venir, et qu’elle a mal prophétisé en prédisant qu’il n’irait jamais plus loin qu’Andromaque. Mais il ne faut pas oublier qu’on voulait écraser la gloire de Corneille sous celle de son jeune rival, et que Racine lui-même, emporté par son âge et par le ressentiment des injustices de ses ennemis, avait traité avec trop peu de respect le dieu qu’adorait madame de Sévigné. C’était une grande bataille littéraire, et ceux qui ont vu, comme nous, deux écoles poétiques aux prises, savent qu’il se fait dans ces luttes assez de poussière pour obscurcir quelque temps les meilleurs jugements. Il se peut aussi que madame de Sévigné eût quelque peine à trouver très-grand un poëte qui soupait avec son fils chez la Champmeslé. Cependant la passion ne pouvait entièrement égarer une personne de tant d’esprit et d’un si excellent goût. Quand elle va voir pour la première fois Bajazet, quoique très-irritée du mot de Talard qui avait dit la pièce autant au—dessus de celles de Corneille que celles-ci étaient au-dessus de celles de Boyer, la première impression, sur laquelle elle chercha plus tard à " revenir de sang-froid, fut irrésistible. « Bajazet est beau, écrivit-elle alors à sa fille ; il y a bien de la passion. » Esther la charma. Ce qu’elle a dit de la simplicité et du sublime tou-